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"être vent debout" : sens et contresens

Vent de bout est un terme de navigation à voile indiquant qu'un bateau se trouve exactement face au vent et n'avance donc plus. Qu'il est privé de vitesse et de possibilité de manœuvre, toutes voiles dégonflées, inerte. C'est donc dans un sens faux que cette expression est devenue insidieusement un tic de la langue médiatique et politique, une dizaine d'années après l'an 2000. Lorsqu'un orateur politique nous annonce aujourd'hui que ses partisans sont " vent debout contre " telle ou telle réforme, il s'imagine nous annoncer qu'ils s'y opposent avec vigueur, comme redoutablement campés sur leurs deux jambes dans un vent funeste. Mais il dit exactement le contraire : il nous apprend qu'ils sont réduits à l'impuissance et immobiles dans une mer qui s'agite sans eux... Ce n'est pas une lourde impropriété de terme, juste une petite erreur de cap sémantique. Car à 15° près dans la rose des vents, ces opposants pourr
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changer de logiciel

Tournure à la mode  : " l'ONU doit changer de logiciel ". Tournures sensées : " l'ONU doit changer de logique, changer de raisonnement, changer d'approche ." Apparu depuis déjà dix ans, le glissement de sens entre LOGIQUE et LOGICIEL n'en finit plus de séduire les suiveurs. Pourtant, cette confusion délibérée est à réserver à qui se flatterait d'avoir dormi en maths et en philo, les deux enseignements qui aiguisent la logique . Or, la logique est chose rigoureuse, précieuse et universelle. La ravaler au rang de programme informatique malléable, falsifiable à loisir, et nous robotisant , est un abus de langage indigeste. POUR ACCÉDER À LA PAGE D'ACCUEIL DU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE, CLIQUEZ ICI

deux poids, deux mesures

GRAMMAIRE et STYLE ORATOIRE : soupesons ici une faute récente et fulgurante, à éradiquer ensemble. L'expression DEUX POIDS, DEUX MESURES n'est pas un mot composé mais un membre de phrase ; comprenant même une virgule en son milieu ! Il est donc particulièrement inepte et contraire à toute logique syntaxique de placer un article ("le", "un"), un pronom démonstratif ("ce") ou un pronom possessif ("votre" etc) devant ce complément de manière. Cette manie irréfléchie est apparue très récemment en France dans le discours politique sur le soutien à apporter ou non à divers pays actuellement en guerre. Elle est ressassée sans discernement par presque tous les orateurs politiques, puis reprise à satiété par les journalistes et les militants qui - manifestement - boivent leurs paroles même quand elles ne sont pas potables. CORRECT : Pourquoi faire deux poids, deux mesures ? INEPTE : Pourquoi faire un deux-poids-deux-mesures ? La même affection

Kiev reste Kiev

La tentation est grande d'exprimer notre indignation devant l'invasion de l'Ukraine en rejetant tout ce qui est russe ou semble russe. Mais c'est évidemment se tromper de combat. Ni Prokofiev ni Mendeleïev ne sont en cause. Ni Kiev. Or, quelques médias sont en train de se tromper de combat en rejetant le toponyme francophone et anglophone Kiev . De bonnes âmes leur emboitent hâtivement le pas, convaincues qu'écrire Kiev , c'est écrire le nom de cette ville en russe. Or non, Poutine écrit Киев . Kiev est la translittération latine proposée au monde par la France dès le 12e siècle, et adoptée depuis sans discontinuer par la diplomatie, la littérature et les sciences de langue française. Certains Ukrainiens eux-mêmes ont mené campagne pour convaincre les médias francophones et anglophones de renoncer à la graphie Kiev au profit de la graphie "Kyiv " qui leur semble plus proche de l'articulation du nom propre ukrainien Київ , par qui maîtrise cette

rapporteuse et rapporteur

Les féminins corrects des termes • porteur • colporteur • rapporteur sont évidemment • porteuse • colporteuse • rapporteuse . Tandis que "la porteure" et "la rapporteure" sont des barbarismes. Quant à écrire : " En tant que rappor teure , je suis por teuse de mauvaises nouvelles ", on voit l'indéfendable absence de cohérence de ce caprice. La charge parlementaire de rapporteur (d'un projet de loi, d'une enquête, etc) est pourtant la cible d'une féminisation erronée et très entêtée dans l'erreur : " rapporteure ", que ces dames préfèrent au féminin multiséculaire et seul correct rapporteuse , exactement aussi noble et indéniable dans sa forme que le sont chercheuse , semeuse, fileuse, chanteuse ou conteuse . Il leur semble que rapporteuse évoque les cafardages de cour d'école. Et alors ? En va-t-il autrement pour les  rapporteurs ?  Non. Mais dans le rejet des titres neutres, coupables de sembler masculins, comme chef

drone, hydrone, géodrone, cosmodrone

L'anglais drone signifie bourdon . Non pas celui qui donne le cafard, the blues , mais l'insecte qui vole grâce au tourbillon d'air ascendant créé par ses ailes. Par analogie, le nom de cet insecte a été choisi pour dénomme des aéronefs sans équipage, fonctionnant par pilotage automatique ou téléguidé : les drones. On voit apparaître des engins de secours en milieu aquatique fonctionnant sur le même principe d'absence de pilote. Si ce n'est qu'ils ne volent pas mais flottent. Les désigner par le terme drone est donc un abus de langage. Des industriels ont imaginé de les dénommer "drones aquatiques", ce qui est un paradoxe ou un oxymore, comme on voudra, mais une solution défectueuse sur le plan lexical. La Mission linguistique francophone a été sollicitée pour réfléchir au moyen de combler cette lacune terminologique. Voici les propositions de néologismes que nous avons formulées à l'attention de la Commission d'enrichissement de la langue f

long terme, moyen terme, court terme

Terme est ici à comprendre au sens d' échéance, au sens de fin , comme dans le verbe terminer et le mot latin devenu français terminus. Pourquoi ne faut-il jamais dire " sur le long terme " ni " sur le court terme " ? En quoi est-ce une faute indéniable, doublée d'une inutile complication ? Parce que toute langue a besoin de cohérence pour sa vitalité. Or, dans notre langue, les chose se font à terme , et non sur terme : un enfant naît à terme , un loyer se paie à terme , un train arrive au terminus , etc.  Un enfant ne naît pas "sur terme", et encore moins "sur le terme". " Sur terme " est donc faux, et " sur le terme " l'est plus encore. Que le terme soit long, moyen ou court, ni " sur " ni " sur le " ne peuvent le précéder. Pour cette raison, on dira donc exclusivement " à long terme, à moyen terme, à court terme ", et on se désintoxiquera de l'incohérent " s

"suite à" : ses ravages s'amplifient

La locution suite à ravage toujours plus amplement la langue française. Les dix dernières années furent marquées par son expansion dégoulinante et l'appauvrissement impressionnant qui en résulte et se confirme.   Curieusement, la formule suite à est construite selon une aberration syntaxique que personne n'applique à d'autres locutions similaires (1). Qui dit  "cause à"  au lieu de " à cause de"  ? Personne. C'est pourtant exactement la même faute de syntaxe qui est commise d'un cœur léger dans " suite à"  au lieu de " à la suite de" . Cette surdité aux incohérences internes à sa propre langue, voilà ce qui intrigue et consterne. Mais le problème tient surtout à la désertification culturelle et intellectuelle causée par la propagation ravageuse de la faute de français " suite à" . Nous dressons ci-dessous une liste de vingt-et-une prépositions et autres formules synonymes, mortes ou agonisantes par la faute de

pour des chefs en meilleure forme

LETTRE OUVERTE À MONSIEUR LE PREMIER MINISTRE  [France]. Nous vous vous écrivons respectueusement en votre qualité de ministre de tutelle de l'Académie française. Sous la pression d'une partie exaltée mais peu éclairée de l'opinion publique, cette institution vénérable a reçu injonction d'entériner un choix malencontreux. Au nom du droit à l'erreur, et du devoir de ne jamais s'y entêter, peut-on espérer que vous repenserez ce choix ? Voici de quoi il retourne. Comme en atteste le greffe  (du tribunal) terme masculin homographe du mot féminin la greffe  (de peau), la terminaison - effe  n'est aucunement la marque distinctive du féminin. Dès lors, il est bien regrettable que la féminisation de le chef  sous la forme dogmatique "la cheffe" ait été artificiellement imposée à notre langue dans son pays d'origine, au lieu de LA CHEF, féminisation naturelle et immédiate, calquée sur les sobres et justes modèles de la nef et la clef . Reje