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Affichage des articles du avril, 2011

qualitatif et requalification

A-t-on le droit d'être gêné par l'emploi surabondant de l'adjectif " qualitatif " dans le français courant et les échanges professionnels depuis 2010 ? Oui. Voici pourquoi. Cet adjectif, en vogue sous un sens faux, n'est pas du tout synonyme de " de bonne qualité " et ne convient donc pas dans une formule comme : " nos produits sont très qualitatifs ". L'adjectif qualitatif signifie "concernant la qualité"... bonne ou mauvaise. Porter un jugement qualitatif, c'est porter un jugement sur la qualité ; ce n'est pas un porter un jugement qui impressionne par sa qualité ; ce n'est pas non plus juger que la qualité est bonne. Il est un autre terme impropre, lié à l'idée de qualité, dont les urbanistes et les élus locaux abusent : la " requalification " architecturale ou urbaine, devenue dans leur esprit un synonyme de la notion de rénovation, de réhabilitation. Or, la requalification, en vrai françai

aliments essentiels

Pour désigner une liste de produits alimentaires de première nécessité proposés à prix modérés, le gouvernement français vient de forger la notion de " panier des essentiels ". On y retrouve deux tics de la préciosité du français médiatique et administratif contemporain : l'abus des métonymies ( panier ) et la substantivation des adjectifs ( les essentiels ). En fait, il s'agit d' aliments essentiels . Mais la formule aliments essentiels disconvient aux précieux d'aujourd'hui à double titre. D'une part l'adjectif ne se substitue pas au mot qu'il qualifie, il lui succède selon notre syntaxe. D'autre part le contenu ( aliments ou produits ou sélection ) n'est pas traduit par son contenant ( panier ). Autrement dit, la langue est simple, claire, directe, intemporelle. Et cela paraît bien fâcheux aux inventeurs d'écrans de fumée communicationnels, spontanément friands de vocables fumeux. NDA : Cette formule que nous critiquions lo

le ridicule tuera-t-il incessamment sous peu ?

Popularisée, et peut-être inventée, dans les années 1970 par un animateur de radio français nommé Gérard Klein, la formule " incessamment sous peu " visait un effet comique par l'association de deux synonymes en une expression sottement redondante et ampoulée. En effet, comme chacun le savait encore dans les années 1970, les adverbes incessamment et sous peu sont deux exacts synonymes signifiant l'un comme l'autre d'un instant à l'autre , dans peu de temps , avant longtemps , bientôt, très bientôt, rapidement, etc. Il est particulièrement navrant, voire inquiétant, d'entendre un demi-siècle plus tard des professionnels du discours sérieux (pédagogues, politiciens, journalistes, rédactrices et rédacteurs divers) ignorer la synonymie entre incessamment et sous peu , au point de reprendre l'expression comique " incessamment sous peu " avec gravité, en imaginant s'exprimer ainsi de façon raffinée. Dans d'autres métiers