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Affichage des articles du 2012

près de / prête à

La Mission linguistique francophone rappelle que les adverbes sont tous invariables. Y compris les adverbes loin et près . Une idée fausse s'est pourtant installée dans certains esprits, et notamment dans l'esprit de nombreux professionnels de la presse parlée, qui lisent devant des millions d'auditeurs et de téléspectateurs des textes d'information entachés de cette bévue : l'idée selon laquelle l'adverbe près posséderait la faculté extraordinaire de s'accorder en genre. Autrement dit, d'être tantôt masculin, tantôt féminin. Personne - pas même un journaliste - ne se hasarde pourtant à accorder d'autres adverbes que celui-là. " Ils sont souvent là " ne donne pas au féminin " elles sont souventes là "... La réalité est qu'en dépit de longues années d'études de la langue française et de leur métier d'artisans de cette langue, des locuteurs professionnels de la télévision et de la radio perçoivent l'adjectif

ambiguïté et ubiquité

Mot d'enfant d'un commentateur sportif radiophonique pourtant adulte, à propos de Machin-Truc, footballeur de son état, pressenti pour jouer à la fois en France et en Espagne :" il n'a pas le don d'ambiguïté ". Contrairement à l'ambiguïté qui ne vous situe nulle part, l' ubiquité est le don d'être partout à la fois. L'étymologie latine en est limpide : ubi signifie où ; de là, ubique, qui signifiait initialement et où, donc là aussi , a fini par prendre en latin le sens de partout . L'ubiquité de la maîtrise approximative de la langue par les professionnels de l'actualité sportive se manifeste au détour de confusions de ce genre... CLIQUEZ ICI POUR ACCÉDER AU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE [M•L•F•] 

népotisme sans vergogne

Autrefois, certains papes - n'étant pas pères mais ayant la fibre monarchique - avaient tendance à intriguer pour que leur neveu leur succède. Le bénéficiaire de ce favoritisme coupable s'appelait en italien leur nipote (neveu). Le français en a tiré le terme népotisme , qui désigne la conduite des puissants s'employant à réserver des postes enviables à des membres de leur famille. Dimanche soir 25 novembre 2012, vers 19h55 sur France 2, un pape de l'audiovisuel public français achève de présenter sa longue émission dominicale, et rend benoîtement l'antenne en ces termes exacts : " Et maintenant, le journal de Marie Drucker. (sourire) Je t'embrasse, Marie ". S'agissant d'un oncle et de sa nièce, et s'agissant non pas d'une entreprise privée mais d'une entreprise publique, la Mission linguistique francophone relève là un exemple criant de népotisme . Une démonstration de népotisme sans vergogne , c'est-à-dire sans honte (de

le dadais et la dadette

C'est l'histoire (très courte) d'une présentatrice de l'audiovisuel public qui, sans rire, nous parle d'une " grande dadette ". Moralité : les fautes d'orthographe peuvent s'entendre même quand on n'écrit pas. Et la plus "dadette" des deux n'est peut-être pas celle qu'on croit. En fait, il n'existe pas de féminin pour le mot dadais [ garçon gauche, au maintien embarrassé ], dont l'étymologie serait une onomatopée enfantine. Pour une fois que le vocabulaire n'est péjoratif qu'envers les gars, quelle idée d'en faire profiter les filles ? Écartant donc l'irrecevable "dadette", notre chère présentatrice avait à sa disposition godiche, bécasse, gourde, cruche, nigaude, bringue, etc. Ou, bien sûr, le néologisme " grande dadaise ", si le désir de fournir un peu de compagnie féminine aux grands et malheureux dadais la taraudait. • • • POUR ACCÉDER À LA PAGE D'ACCUEIL DU SITE DE L

le Cdt n'est pas cordial

En français, les trois lettres Cdt sont l'abréviation du mot Commandant .* Il existe pourtant des correspondants par voie de courriels, nullement titulaires du grade de commandant, qui vous terminent leurs messages par les trois lettres "Cdt". En réalité, ils ignorent les usages épistolaires de base et entendent par là vous saluer  cordialement . Mais ils pourraient aussi bien vous tirer la langue ou vous faire un bras d'honneur. Car si l'on n'est pas cordial au point de prendre la peine d'écrire en toutes lettres une formule de politesse déjà concise à l'extrême (un seul mot !), alors on ne l'est pas du tout. * Tout en capitales, CDT est le sigle des comités départementaux du tourisme. POUR ACCÉDER À LA PAGE D'ACCUEIL DU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE, CLIQUEZ ICI

olympisme et sécurité

L'un de nos premiers articles, du 7 avril 2009, remis sur le dessus de la pile, car toujours d'actualité La flamme olympique des Jeux organisés par la Chine traverse difficilement Paris en dépit d'une protection policière considérable. Au pays des Droits de l'homme, il semble que la population ne soit pas en liesse à la vue d'une flamme olympique ternie et si lourdement cuirassée. Selon la presse audiovisuelle qui commente ce parcours, à chaud et en direct, vers 13h15 la flamme a dû être mise "dans un lieu sécurisé" (...) "et le déroulé de l'événement est compromis". En fait, la flamme a été mise en lieu sûr (et non "dans un lieu sécurisé"), et le déroulement ( et non "le déroulé") de l'événement est compromis. Mais cent fois, les commentateurs nous rediront que la flamme est sécurisée, qu'une bulle sécurisée ( ? ) l'entourerait, qu'un bus sécurisé l'abriterait, et qu'il faudrait tout sécuri

"par contre" est parfaitement correct

Il est tout à fait faux que la locution adverbiale par contre soit grammaticalement incorrecte, comme on l'entend dire aujourd'hui encore. La cabale contre cette expression est ancienne, puisqu'elle est l'œuvre de Voltaire qui fit, on ne sait pas exactement pourquoi, une fixation contre par contre . Il a fallu attendre 1920 pour qu'André Gide s'emploie à contrer définitivement le feu de feu Voltaire en démontrant que non seulement par contre était grammaticalement correct, mais qu'il existait des contextes dans lesquels on ne pouvait pas remplacer par contre par en revanche comme prétendait l'exiger ce bon Voltaire - et comme se croient obligés de le faire ceux qui se laissent piéger par la rumeur discréditant depuis lors l'emploi de " par contre ". • Sur le plan grammatical et syntaxique Par contre est formé sur le modèle de par ailleurs , si l'on considère "contre" comme un adverbe [comme dans : '' seul

jeune couple homoparental

" Homoparental " et " homoparentalité " sont des néologismes formés par croisement de grec ( homo ) et de latin ( parent ), ce qui n'est pas recommandé en principe : mieux vaut polychrome (tout grec) et multicolore (tout latin) que polycolore et multichrome qui s'emmêlent les pinceaux. Mais là n'est pas le problème. La Mission linguistique francophone a noté que les néologismes homoparental et homoparentalité étaient employés dans des sens incompatibles avec leur étymologie, donc incohérents avec la langue française. En effet, l'adjectif homoparental est employé aux sens suivants : 1/ constitué de parents homosexuels (couple homoparental) ; 2/ sollicité ou accompli par un couple homosexuel (adoption homoparentale). Le substantif Homoparentalité est employé pour désigner la condition parentale d'un couple homosexuel. Or, le préfixe grec homo signifie de même nature, identique . Il ne signifie pas homosexuel ... Les homo nymes ont le

une médaille olympique n'est pas une breloque

Cet article publié au terme de Jeux olympiques de 2012 reste d'actualité. Nous le remettons sur le dessus de la pile à l'attention des professionnels du commentaire sportif. La grande fête olympique a rimé, une fois encore, avec grande dé-fête linguistique. Les commentateurs sportifs les plus en vue se sont surpassés dans le dérèglement lexical, syntaxique et phonétique. Ainsi a-t-on pu entendre dire qu'un lutteur avait "bien paradé l'attaque" (sic) de son adversaire (comprenez : "bien paré l'attaque"), et qu'un judoka avait fait preuve de beaucoup de tact (sic) pour arriver en demi-finale (comprenez : beaucoup de sens tactique ). Mais cela ne serait rien sans l'avalanche de termes argotiques que les journalistes sportifs ne perçoivent plus comme tels : les pattes, la tronche, le mec , etc. Summum de cette perte de repères lexicaux et d'incapacité à ajuster le niveau de langue du commentaire sportif : les médailles , si noblemen

à midi ou ce midi ?

"Ce midi" est une tournure malhabile issue d'une confusion avec • ce soir • ce matin Or soir et matin désignent des portions de journée. Tandis que midi désigne une heure de la journée. Dire "ce midi" revient donc à dire naïvement "ce 12 heures". On s'en abstiendra en disant • à midi . Tout comme on dit exclusivement à minuit et jamais "ce minuit" ; à moins de tomber de sommeil, peut-être.

avoir l'opportunité

L'opportunité n'est pas une bonne occasion qui se présente à nous, c'est le fait d'être opportun. Dans l'expression " avoir l'opportunité de ", la confusion de sens avec célèbre avec le faux ami anglais opportunity a la vie dure depuis une génération déjà, et c'est ce qui la rend agaçante. Ce qui se dit en anglais, to have the opportunity se dit en français " avoir la possibilité " ou " avoir l'occasion ". Toute considération sur l' opportunité est d'un autre ordre, à savoir : est-ce judicieux, est-ce la bonne décision, est-ce le bon moment ? L'opportunité, c'est une appréciation sur ce qu'il y a lieu de faire ou non à un moment donné. Ce n'est pas l'aubaine qui se présente à nous : cela s'appelle une occasion ("j'ai sauté sur l'occasion d'aller au Canada") ou une possibilité ("j'ai eu la possibilité d'aller au Canada"). • J'ai eu la po

phonétique des peuples

Des peuples nouveaux apparaissent dans la presse parlée : lé Néerlandé, lé Zirlandé, lé Zanglé, lé Francé, lé Portugué et aussi lé Japoné et lé Pôlôné. Il semble que ces nouveaux venus soient les descendants du garçonnet qui, dans une publicité des années 1990, demandait à son père : " Papa, c'é quoi cette bouteille de lé ? " Son père aurait pu lui répondre : " On dit DU LAIT , mon bonhomme, pas DU LÉ". Mais il n'en a rien fait. Et une demie génération plus tard, les jeunes journalistes allaités à cette culture publicitaire voient partout dé Camerouné et dé Zécossé. Ça promé... [Cet article, publié en juin 2008, est remis sur le dessus de la pile, car rien n'a changé à cet égard : le son ê s'est égaré...] POUR ACCEDER A LA PAGE D'ACCUEIL DU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE,  CLIQUEZ ICI

sur un ton comminatoire

La plupart des dictionnaires disponibles sur internet donnent mot pour mot la même définition de l'adjectif comminatoire , appliqué à la manière de s'exprimer. " Qui a le caractère d'une menace ; menaçant. Style comminatoire, ton comminatoire ." La nature exacte de la menace contenue en français courant dans la notion de ton comminatoire mérite d'être précisée : c'est un ton qui ne souffre pas la discussion ; un ton cassant de supérieur à subalterne ; le ton sur lequel on donne sèchement un ordre dont l’inexécution sera sanctionnée. Ce n'est pas la menace du maître-chanteur ni du tueur à gages. C'est une menace de chef. Et c'est ce qui rend insupportable le ton comminatoire employé par qui n'est pas notre chef. CLIQUEZ ICI  POUR ACCÉDER À LA PAGE D'ACCUEIL DU SITE

se revendiquer de quoi ?

Dans toutes les langues du monde, la négligence verbale journalistique se mord inlassablement la queue. Le bel animal médiatique est affecté d'une manie qui amuse sans doute, puisqu'on ne la soigne pas. En France, l' Agence France Presse (AFP) possède un redoutable pouvoir de nuisance sur la langue, en raison de la rapidité et du manque de clairvoyance avec laquelle elle propage les déclarations les plus mal formulées, ensuite reprises avec autant de rapidité et aussi peu de clairvoyance par la presse écrite et parlée. Et sans précautions oratoires, à de rares exceptions près. Quel rapport avec la faute de français " se revendiquer de " (sic) ? Nous y venons. Le 22 mars 2012 au petit matin, un ministre de l'Intérieur français [Claude Guéant] déclare qu'un assassin de la région toulousaine " se revendique d'Al QaÏda ". On peut attribuer ce cafouillage verbal à la fatigue consécutive à la supervision d'un assaut contre la positi

accidents graves de voyageurs

La RATP aime bien les circonlocutions, au risque de se prendre les pieds dans le tapis (roulant ?) de la syntaxe et du vocabulaire. " Accident grave de voyageur " est la pire circonlocution qu'on pût inventer et propager par hauts-parleurs sous prétexte d'évoquer à mots couverts une tentative de suicide ferroviaire. Si le voyageur y survit, la langue française en sort gravement accidentée et profondément abêtie. Double faute. Pour commencer, en français, on ne doit pas intercaler un adjectif entre un nom et son complément de nom. Autrement dit, tout bloc de mots de type "fin de soirée" ou "accident de voiture" est insécable. C'est pourquoi en français pas encore vicié par les annonces de la RATP , on dit spontanément un bon chef de service et non "un chef bon de service". Et c'est pourquoi il faudrait dire un grave accident de voyageur , et non "un accident grave de voyageur". Mais il se trouve que cette form

nominer n'est pas français

À l'occasion du festival de Cannes, la Mission linguistique francophone rappelle que le verbe " nominer " n'existe pas en français. Un artiste n'est pas " nominé " mais nommé, sélectionné, présélectionné . Il peut aussi être désigné comme lauréat (de la présélection). Une nomination résulte du fait d'être nommé et non "nominé". Par ailleurs, nous rappelons qu'en français, en matière de cinéma, un studio n'est pas une société de production mais un lieu de prise de vues ou d'enregistrement clos et spécialement aménagé . Lorsque le faux ami anglo-américain studio désigne en fait une société de production, une boîte de prod, des producteurs, il convient de le traduire correctement par l'une de ces expressions. Merci. Et bravo.

atteindre dix mètres

Comme tant et tant de ses consœurs et confrères, la journaliste chevronnée et estimée  qui nous relate les incendies de forêt estivaux est en grande difficulté avec la syntaxe et le vocabulaire de la langue française. En atteste ce commentaire qu'elle a rédigé à tête reposée puis transmis par téléphone à sa rédaction qui n'a pas tiqué, n'a pas estimé nécessaire de le lui faire rectifier et l'a diffusé tel quel : " Les flammes ont atteint jusqu'à dix mètres ". Or, en français, on ne peut pas dire qu'un vieillard a " atteint jusqu'à cent ans " ni que des flammes " atteignent jusqu'à dix mètres ". Car atteindre cent ans, c'est vivre jusqu'à cent ans, et atteindre dix mètres, c'est monter jusqu'à dix mètres. Le concept " jusqu'à " est inclus dans le verbe atteindre . Aussi étonnant que ce soit, on peut ne pas entende cette redondance mais se targuer d'exercer le métier d'écrire et

accord signé mais pronom désaccordé

Ce matin [NDE : début 2012], sur France Inter , le président francophone de la République française [NDE : Nicolas Sarkozy] a fait cette déclaration : " Nous, les pays qui ont signé ce traité... " Aucun de ses contradicteurs politiques ni aucun de ses interlocuteurs médiatiques n'a bronché. Par la plus haute autorité morale de leur pays, et dans le silence approbateur des relais d'opinion les plus écoutés, les Français se voient donc invités à ne plus accorder le pronom et le verbe. Sous l'impulsion de ces élites en délicatesse avec leur outil de travail premier (la langue française), la conjugaison du verbe avoir "évolue" de telle manière qu'on nous tient à peu près ce langage : " Nous ont signé, j'as signé, il avons signé, etc ." La Mission linguistique francophone n'analyse pas cette dérive grammaticale comme une "évolution" inhérente à toute langue vivante, mais comme une altération. Et pour ramener un discours

le singe il grimace

La Mission linguistique francophone  a constaté en France à partir de l'an 2000 un net accroissement de l'emploi fautif, par les adultes, du double sujet [nom+pronom] : " l'eau elle coule ", " le singe il grimace ". Cette construction était jusqu'à présent l'apanage des enfants (" le maître il a dit ") ; et on les reprenait (" le maître a di t "). Le double sujet était aussi utilisé pour railler une mauvaise maîtrise du français par des étrangers peu instruits (" la madame elle est partie "). Mais depuis peu, l'inutile accumulation du nom et du pronom est fréquente dans la bouche des Français adultes, jusqu'au sommet de l'État [NDE : article publié initialement en 2008] de ce beau pays qui, une fois encore, donne le mauvais exemple en matière de francophonie... Bien sûr, les journalistes et animateurs de médias audiovisuels suivent la même pente et propagent cette faute de syntaxe, comme si soudain

citoyen : un qualificatif usé et usant

À propos " d'élections citoyennes " et d'un " Prix du Projet Citoyen ", la Mission linguistique francophone analysait en 2011 un travers consistant en l'usage inexact et abusif du mot citoyen . Un substantif transformé, même par les pouvoirs publics, en un adjectif redondant, devenu la caution de tout ce qui peut être entrepris dans la sphère civique [et non " citoyenne ", en vrai français], dans le domaine civil , ou en politique . Exactement un an plus tard, dans la catégorie des extensions de sens abusives , l' Académie française a repris notre flambeau sous forme d'un article de son blog Dire, ne pas dire , prestigieux petit frère du nôtre. L'article de l'Académie mérite d'être cité textuellement. "Il est fait aujourd’hui un fréquent mais curieux usage du nom citoyen, qui devient un adjectif bien-pensant associant, de manière assez vague, souci de la bonne marche de la société civile, respect de la loi e

braquage, braqueur, braquer : c'est de l'argot

Les journalistes nous informent généralement qu'un suspect a parlé et non " jacté ". Nous leur savons gré de ne pas s'adresser à nous en argot. On s'agace donc légitimement de leur propension à employer sans clairvoyance les mots " braquage ", " braqueur " et le verbe " braquer " comme si ces mots n'étaient pas du registre argotique alors qu'ils le sont, lorsqu'ils sont employés avec le sens de dévaliser, voler ( à main armée ), cambrioler, commettre un hold-up . Idem pour les satanés " papiers " évoqués par les journalistes, en lieu et place des articles (de presse) . Ou les " breloques " olympiques que tant de commentateurs sportifs croient sérieusement être un synonyme acceptable des médailles *. Gardez ces familiarités pour vous, ou certains finiront par aller dans votre sens et militer pour qu'on vous désigne officiellement, vous aussi, par des noms argotiques comme si de rien n'était

désimlocker

Les commerciaux du secteur de la téléphonie se gargarisent actuellement d'un terme sauvage, le désimlockage (sic). Qui désigne dans leur esprit l'action de désimlocker (sic). C'est-à-dire, le fait de rendre une carte SIM utilisable par un opérateur concurrent. Attention : ce terme est un barbarisme. Et ce barbarisme n'est pas américanisant , malgré les apparences, mais magyarisant : il transforme le français en hongrois, langue agglutinante (1). Son usage est à réserver à des conversations en jargon de métier, entre adorateurs du très grand n'importe quoi sémantique. En français courant, et entre gens qui parlent pour se faire comprendre et non pour s'écouter parler, les verbes déverrouiller ou débloquer font parfaitement l'affaire, suivis du complément approprié : débloquer un téléphone, débloquer un abonnement, débloquer un numéro, débloquer une carte, etc. Se flatter de dire " désimlocker un compte " au lieu de " débloquer un co

je vais pour

Toute langue vivante tend à se charger de tournures incorrectes puis à les assimiler ou les écarter. La Mission linguistique francophone se réjouit de constater la disparition à peu près complète d'une tournure incorrecte apparue au début du vingtième siècle et quasi absente aujourd'hui du français courant. La formule " aller pour " était employée par certains locuteurs au sens de " s'apprêter à ", dans des phrases comme celle-ci : " Je vais pour lui emprunter cent sous, mais voilà que je trouve un billet de mille au fond ma poche ". On ne regrettera pas l'extinction de ce " je vais pour ". Et on continuera à œuvrer pour la disparition des irritants " suite à " (au lieu de "après") et " au final " (au lieu de "finalement"), deux plaies infectées du français médiatique actuel, que la Mission linguistique francophone vous invite à panser.

si elle ne chante que le matin, c'est une manécanterie

Apparu voici moins de deux cents ans, le mot manécanterie (du latin mane cantare : chanter le matin) n'a jamais été bien vivace. Sa santé délicate et son sens obscur lui valent notre affection. Mais son peu d'utilité nous permet aussi de constater son agonie sans trop de chagrin. Qu'il s'éteigne en paix dans notre langue, au son matinal d'un chœur d'enfant à bouche fermée... POUR ACCÉDER À LA PAGE D'ACCUEIL DU SITE , CLIQUEZ ICI

"se revendiquer de" n'est pas français

Les médias ressassent en boucle depuis peu [2012] cette ineptie linguistique : divers assassins " se revendiquent de " (sic) telle organisation terroriste. Les très nombreux commentateurs francophones (mais pour combien de temps encore ?) qui violent ainsi la syntaxe commettent un tout petit mais lancinant attentat contre la langue française. Avec une sidérante incompétence, ces professionnels de la communication semblent ignorer que les seules formulations correctes sont ici " se réclamer de ", ou " revendiquer son appartenance à ". Le méli-mélo " se revendiquer de (Daesh, notamment)" est une bourde comparable au fameux " ingénieur à Grenoble " de Coluche, au lieu d 'ingénieur agronome . En moins drôle. La Mission linguistique francophone rappelle aux professionnels et au grand public que le verbe revendiquer n'est jamais pronominal ; autrement dit, qu'il ne doit jamais s'employer précédé du pronom personne

la consultance : du conseil barbare

On trouve avec effroi le terme de " consultance " (sic) employé depuis quelques années déjà par certaines universités françaises (Lyon, Grenoble , Toulon, Pau) pour désigner en réalité l'activité de conseil [aux entreprises]. Ce néologisme " consultance " est un barbarisme sorti du sac à snobismes de quelques marchands de poudre aux yeux mercatique, et repris sans rire par un tout petit nombre de pédagogues impressionnables ou distraits. C'est au mieux le fruit d'un moment d'égarement, au pire de l'ignorance crasse en habits savants. La malformation de ce néologisme inutile est tellement criante qu'elle se passerait de commentaire. Nous allons quand même en faire deux. D'abord, il faudrait sérieusement s'alarmer du peu de vigilance lexicale de certains directeurs d'établissements d'enseignement supérieur. Les universités précitées ne sont pas les seules en cause. Il existe de belles grandes écoles, d'ac

la soudure ou le soudage ?

Que les mots soudure et " soudage " fassent double emploi est flagrant. L'un est correct, l'autre défectueux. On devine facilement lequel. Pour justifier l'usage du barbarisme " soudage ", certains arguent de sa présence dans certains dictionnaires. Certes, mais il ne leur échappera pas que, pour définir ce vilain " soudage " (sic), les rédacteurs du dictionnaire Larousse donnent étourdiment la définition suivante, qui est mot pour mot la définition de la soudure : " Opération consistant à réunir deux ou plusieurs parties constitutives d'un assemblage, de manière à assurer la continuité entre les parties à assembler, soit par chauffage, soit par intervention de pression, soit par l'un et l'autre, avec ou sans emploi d'un produit d'apport dont la température de fusion est du même ordre de grandeur que celle du matériau de base. " Le fait que des termes inutiles et malformés prospèrent dans les jargo

de dont

Faut-il dire " c'est de ça que je parle " ou " c'est de ça dont je parle " ? On apprend dès l'école élémentaire que dont signifie " de...que ". Le pronom dont ne doit donc jamais être précédé de la préposition " de ". Il la contient déjà. Seules ces deux tournures, exactement synonymes et exactement aussi élégante l'un que l'autre, sont donc correctes :  • " c'est de cela que je parle " • " c'est cela dont je parle ". Cependant, un nombre impressionnant de professionnels de la parole croient devoir nous dire " c'est de ça dont je vous parle ",  commettant ainsi une indigeste faute de grammaire. Si un cuisinier versait systématiquement double dose de sel comme ces orateurs nous versent systématiquement double dose de " de ", nul doute qu'il serait vite contraint de changer de métier.

nom de code CMR

Une CMR, savez-vous ce que c'est ? Non ? C'est bon signe. Signe que vous parlez encore un français à base de mots ayant un sens et assemblés entre eux de manière à préciser au besoin les subtilités de votre propos. Signe que vous ne réduisez pas les idées ni les choses à des sigles abscons. Signe que vous ne parlez pas juste pour vous-même, ou en connivence exclusive avec ceux qui jargonnent selon les mêmes snobismes que vous. Signe que vous utilisez la langue française avec le souci d'être compris de vos interlocuteurs. Et le souci de les informer s'ils sont désireux de l'être. " Bientôt une CMR près de chez vous !" Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle ? Demandez donc aux élus locaux friands de ce nom de code. Ou à leurs courtisans qui ne s'alarment pas de tant d'obscurité, ni de tant de mépris des obligations de protection de la langue française qui s'imposent aux administrations publiques, en France (loi de 1994) comme au Canada.