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Articles

Affichage des articles du 2013

on renseigne un touriste égaré mais on ne renseigne pas une case

On lit de plus en plus souvent (1) cette injonction : " Renseignez le questionnaire ". Dans la langue dénaturée que pratiquent certaines administrations, cela signifie qu'il faut fournir les renseignements demandés. Dans le français spontané des francophones que ces énormités n'ont pas encore désorientés, on renseigne des touristes égarés mais on remplit un formulaire (ou une fiche, une case, un questionnaire , etc). On lit aussi, de telles recommandations : " dans la première case, renseignez votre nom " (sic). La Mission linguistique francophone rappelle à ces rédacteurs administratifs en déroute - à qui il manque sans doute plus d'une case - qu'on indique son nom, on ne le " renseigne " pas. C'est la personne à qui vous indiquez votre nom que vous renseignez... Et non le questionnaire ni la case. Dans le même esprit, il existe depuis peu une tendance à porter dans les cases non remplies d'un formulaire la mention &quo

vent debout

Les tics de la langue médiatique toquent à la coque du paquebot francophone. La mer moutonne, et ce sont une fois encore des moutons de Panurge... Depuis quelque mois, dans la presse français, on est " vent debout " à tout propos. Comme le rappelle Jacques Michaud , " lorsqu'un bateau à voile est exactement face au vent, le foc et la grand voile sont dégonflés et pendouillent ou fasseyent en produisant quelques maigres ondulations et de légers claquements. Le bateau n'avance plus. Quelqu'un qui est vent debout contre une idée, une proposition, un projet, est opposé à sa réalisation. " Il est opposé, certes, mais ne peut l'être que passivement, réduit à l'inaction par un vent diamétralement contraire qui l'empêtre dans le cliquetis improductif de son propre gréement. Il est opposé mais frustré. Et sans ressources. Au lieu de quoi, on nous parle de gens " dressés vent debout " contre une réforme comme de vigoureux opposants dont l'

suite à

Initialement, l'expression '' suite à' ' n'était employée que par dérision, au même titre que " rapport à ". Pour singer la langue administrative ou militaire malhabile, dans des phrases comme : " Mon adjudant, j'voudrais vous causer rapport à l'invasion de punaises de cavalerie ". L'effet était comique car chacun sait d'instinct que la construction des locutions '' suite à '' et '' rapport à '' est absolument défectueuse ; puisque le complément de nom se construit avec la préposition de et non la préposition à : il convient de dire " le père de Louis " et non " le père à Louis ".  De même : " la suite de l'action ", et non " la suite à l'action ". En France, contrairement au Québec , cette dimension sarcastique a récemment été perdue de vue par des professionnels de la langue écrite et parlée devenus coutumiers d'employer suite à au l

lettre ouverte à tout proviseur en délicatesse avec son nom de fonction

Mesdames et Messieurs les proviseurs, Le 10 octobre 2014, l'Académie française a publié une déclaration solennelle et très circonstanciée, rappelant à toutes et à chacun que : " des formes telles que professeure, recteure, auteure, ingénieure, procureure, chercheure, etc, constituent de véritables barbarismes . " C'est donc avec étonnement et contrariété que nous voyons des proviseurs contentes de se parer du titre de " proviseure " (sic), bien que cette féminisation mal ficelée soit réprouvée par la seule autorité linguistique incontestée en matière d'usages francophones. Ce n'est pas mener un combat d'avant-garde que de commettre cette faute d'orthographe tout en étant parée de l'autorité pédagogique d'un chef d'établissement du second degré. C'est au contraire donner l'exemple du mépris de sa propre langue - non dans la féminisation de son titre s'il peut l'être, mais dans la manière irréfléchie de le f

en finir avec au final

La faute de français " au final " (sic) a connu une propagation fulgurante, entre 2005 et 2008. Depuis, la contagion de notre langue par cette expression fautive s'est stabilisée mais son succès ne se dément pas. C'est pourtant une locution que les professionnels de la langue ne devraient ni employer ni accréditer auprès du public. Car le barbarisme " au final " (sic) est formé de manière défectueuse sur le modèle de " au total ", par oubli de l'existence du nom commun fin qui a déjà fourni la locution à la fin . Or, la fin , ça existe ; le total (au total) aussi ; le départ (au départ) aussi ; le fond (au fond) aussi. Mais " un final ", ça n'existe pas. La langue française ne connaît que  la finale [la finale d'un championnat, par exemple] mot féminin, ou le finale [le finale d'une symphonie, par exemple] mot masculin malgré son E ... final. Oui, qu'il soit féminin ou masculin, le substantif français

matériel et matériaux

Une journaliste d'une chaîne d'information de la télévision française [  LCI  ] décrit le sable naturel comme étant " un matériel indispensable à la fabrication des semi-conducteurs ". Comique involontaire. Car le sable est un matériau de fabrication et non un matériel (tel un outillage). Mais son rédacteur en chef et elle présument manifestement que matériel  est le singulier de matériau ... Rappelons donc qu'il n'en est rien : • un matériel, des matériels ; comme un miel, des miels. • un matériau, des matériaux ; comme un étau, des étaux.

en même temps

La simple et modeste conjonction de coordination mais n'est plus en vogue. Elle est délogée du discours ambiant par deux locutions adverbiales : en revanche , plus ronflant ; ou en même temps , plus gonflant - et dont le récent glissement de sens ne cesse de prendre de l'ampleur. Initialement adverbe de temps, la locution en même temps fut employée par quelques humoristes vers l'an 2000 comme adverbe restrictif substitué à toutefois, cependant, néanmoins , simplement, cela dit , quoi qu'il en soit . Une dizaine d'années plus tard, cette pointe d'humour est passée dans la langue au premier degré du sérieux, et gagne chaque mois du terrain en dévorant même la conjonction mais . " Il est con comme un balai, en même temps il baise comme un dieu " déclare aujourd'hui une connaisseuse des hommes. Tandis qu'une connaisseuse de la langue dira plutôt : " Il est con comme un balai mais il baise comme un dieu ". La différence est ici l

J'ai rhum ou Jérôme ?

Les aventures d'un boursicoteur de métier (alias " trader ") nommé Jérôme K. nous apportent une nouvelle manifestation du désintérêt massif des professionnels de l'information parlée envers la phonétique. En français, il existe pourtant des signes graphiques élémentaires qui ne laissent aucun doute ni aucune liberté d'action quant à la prononciation des phonèmes. L'accent circonflexe sur le Ô en est un. Quand 100% des journalistes féminines d'une tranche horaire de grande écoute (7h - 8h) sur France Inter choisissent d'ignorer l'orthographe de " Jérôme " et prononcent " j'ai rhum " comme si ce prénom s'écrivait " Jérome ", notre langue vit-elle une saine évolution, ou la profession de journaliste s'enferre-t-elle dans ses lacunes ? CLIQUEZ ICI POUR ACCÉDER À LA PAGE D'ACCUEIL DU SITE DE LA MISSION LINGUISTIQUE FRANCOPHONE

l'envie frénétique de parler une langue inepte

Une entreprise industrielle du Haut-Rhin [France] convie les professionnels de son secteur à découvrir ses " nouveautés produits ". Le marketing n'excuse pas tout. Quand on se souvient combien les Alsaciens ont ardemment souhaité demeurer français, on s'étonne que la société B*** agresse aussi cruellement la langue française. Petit rappel : en français, on dit " les nouveaux produits " et non " les nouveautés produits ". Si B*** nous vantait ses " nouveautés produit es ", on supposerait qu'il s'agit des nouveautés qu'elle a produites... Mais les " nouveautés produits ", on suppose qu'il s'agit d'une folle perte de repères grammaticaux, par la faute de laquelle le nom " produits " devient un qualificatif (masculin) du nom " nouveautés " (féminin). L'entreprise B*** et toutes celles qui jargonnent de la sorte seront bien inspirées de rectifier leurs messages publicitaires pour

le vyomanaute est sur orbite

Le mot vyomanaute désignerait un astronaute originaire d'Inde ou navigant à bord d'un vaisseau spatial indien. Avec une bonne dose d'inauthenticité, son étymologie mêle le sanskrit व्योम vyoma (ciel) et le latin nautes (marin). Au même titre que le terme " taïkonaute ", l'usage de ce néologisme ébouriffant est à réserver aux professionnels du commentaire spatial qui ont perdu le sens commun.  Ceux qui jonglent, selon les fusées, avec les cosmonautes, spationautes, astronautes, taïkonautes, coréonautes ou vyomanautes, et ne perçoivent pas l'absurdité de prétendre imposer à la langue française la complication inouïe de désigner une même activité professionnelle par un nom différent selon la nationalité de qui exerce la profession ou pratique l'activité. On plane dans une incohérence intersidérale. Un skieur, une infirmière ou un pâtissier changent-ils de désignation selon leur pays d'origine ? Aux tenants du terme " vyomanaute"

course contre la montre

Joliment trouvée, l'expression " course contre la montre " s'est imposée pour désigner une épreuve sportive chronométrée dans laquelle les concurrents prennent le départ successivement et non simultanément, sans possibilité de caler leur rythme sur celui d'un voisin d'effort. En corps à corps, ils ont le temps pour adversaire. Dans l'idée de courir contre la montre , peu à peu, dans la langue médiatique puis courante, seule la partie adverbiale "contre la montre" a été conservée : les étapes du Tour de France courues contre la montre sont devenues des contre-la-montre . Pourquoi pas. Ce qui est ici discordant, c'est d'avoir ensuite opté sans réfléchir pour l'article masculin : " un contre-la-montre" , alors que le substantif sous-entendu est toujours un neutre de forme féminine : une étape, une course, une épreuve, une compétition , donc une contre-la-montre . Quitte à s'économiser une infime syllabe d'effor

multi-accueil dé-taché contre multiaccueil attaché

En français, on écrit  téléphone  et non  télé-phone  ;  détenu  et non  dé-tenu ; préambule et non pré-ambule ; intercommunal et non inter-communal , etc. En français, est intempestive la présence d'un trait d'union entre le radical et le préfixe d'un mot  non  composé, comme s'il s'agissait au contraire d'un mot composé tel que  pique-assiette  ou  fouille-merde . Or,  multiaccueil,  multimédia,   multiplication ou microcrèche   ne sont pas des mots composés mais des mots constitués d'un radical et d'un préfixe, deux constituants qu'il convient de souder. Quand on sait écrire le français, on n'écrit pas "multi-accueil" mais multiaccueil . C'est aussi simple que ça. Mais pas pour tout le monde,  manifestement, à en juger par la fréquence de fautes d'orthographe comme "multi-accueil", "co-auteur", "co-gérant", "mini-jupe" ou "pluri-annuel", dans lesquelles le pré

oui

Le 9 décembre 2010, nous publiions ce constat : " Une nette dévalorisation du mot OUI, voilà la note singulière sur laquelle s'achève l'année 2009 des francophones ." Un an plus tard, l' Académie française s'inquiéta à son tour de cette dévalorisation, au point de publier le 11 octobre 2011 sur son site internet une mise en garde, reprise alors dans la presse nationale française. Et aussitôt oubliée. Mais en vérité, signaler le déclin de la simple réponse " oui " au bénéfice de préciosités contemporaines comme " absolument " ou " ça marche " ou " y'a pas d'souci ", est-ce bien sérieux en ces temps où la pénurie de logements et le chômage instillent une anxiété à laquelle n'échappe qu'une minorité ? La réponse de la Mission linguistique francophone est oui . Oui, tout court. Car, pour le stomatologue comme pour le linguiste, la boursouflure d'une langue est toujours signe d'une altératio

mandat et mandature

Terme réprouvé par les a cadémicien s français et pa r tout l ocuteur soucieux de sobriété, il semble que la mandature , malgré sa jolie sonorité évocatrice de législ ature et de robe de bure, n'existe pas.  Ce ne serait qu'un néologisme élégant mais vai n, installé dans le vocabulaire des orateurs politiques et de ces journalistes que la durée d es mandats électifs passionne. Aucune mandature ne serait légitime, et seuls le seraient les mandats : le mandat de maire, de député, de sénateur, par exemple. " Oui mais... " protest ent divers journalistes et politiciens " ... la mandature c'est la période durant laquelle s'exerce le mandat ". Eh bien non. L'Académie française ne laisse planer aucun doute là-dessu s : le mot m anda t désigne auss i bien la fonction que la période pendant laquelle ce tte fonction est exercée. Mais le monde francophone comprend une vaste population de grenouilles fortement désireuses de sembler plus savan

et autres quoi ?

Dans les pages du journal Le Monde, un article intitulé " Adidas et autres Coca-cola misent gros " semble ainsi affirmer qu'Adidas est un Coca-cola parmi d'autres ... Ce qui ne veut strictement rien dire - à moins que le jus de chaussette de sport soit depuis peu mis en bouteille. Cet usage impropre de la locution " et autres " tend à se répandre en France. Ainsi entend-on dire : " tigres, panthères et autres lions ". Or, ni les tigres ni les panthères n'étant des lions, il ne peut exister "d'autres lions" que les tigres et les panthères ! La formule " et autres " doit toujours être suivie - explicitement ou implicitement - d'une catégorie commune à tous les éléments de l'énumération. Dans l'exemple ci-avant, il faudrait dire : " tigres, panthères et autres fauves " ou " tigres, panthères et autres félins ". À la rigueur, on peut aussi placer " et autres " en extrême fin d&#

être démis ou démissionner, telle est la question

La Mission linguistique francophone a pris la peine de signaler aux rédacteurs concernés la lourde faute de français qui entachait les gros titres de la presse française - et par contrecoup leur crédibilité en matière rédactionnelle : " Delphine Batho démissionnée " (sic). Pour mémoire, on ne "démissionne" pas quelqu'un, on le démet (de ses fonctions). La femme politique en question a donc été démise - ou poussée à la démission - et non "démissionnée". De même, une personne qui s'alimente n'est pas "mangée", elle mange. La confusion entre les significations d'un même verbe selon qu'il est employé à la forme active ou passive est en principe une erreur qu'on ne commet plus au sortir de l'école élémentaire ; faute de quoi on n'est pas admis au collège. Et moins encore admis à rédiger les titres de la presse francophone.

procédé, procédure, processus, process

Le monde de l'industrie se plaît à employer en français le mot " process ". Il s'agit pourtant d'un terme anglais que notre langue n'a pas incorporé, à la différence de concerto  ou cocktail  devenus français. Elle ne l'a pas incorporé car les francophones n'en ont aucun besoin. Sauf par snobisme ou par inculture, bien sûr. Le snobisme consite à parer de vertus valorisantes tout jargon emprunté à l'anglais ou inspiré de lui. Ou à s'exprimer le plus obscurément possible entre membres d'un corporation pour toiser ceux qui n'en font pas partie. L'inculture consiste à ne pas posséder dans son vocabulaire de base les termes français dont " process " est la traduction en langue étrangère. Comme le souligne ici Christian Hohmann , le français est en la circonstance plus précis que l'anglais " en distinguant le procédé du processus et de la procédure , ce que la langue anglaise s'économise en concentrant les

anacoluthe

" Anacoluthe !" est un insulte chère au Capitaine Haddock . C'est aussi un terme de linguistique désignant une acrobatie grammaticale hasardeuse : une rupture logique dans la construction de la phrase. Une anacoluthe fréquemment lue et entendue dans les médias consiste à rompre le lien logique entre le pronom et le nom, comme ici : " Le couple McCann et leurs trois enfants ". Puisque "le couple" est un terme singulier, c'est bien sûr " le couple McCann et ses trois enfants " qu'il faut dire. Si l'on veut exprimer un pluriel, alors il faudra préférer " les époux McCann et leurs trois enfants ". Dans " le couple et leurs trois enfants ", un pronom personnel pluriel est employé à tort pour renvoyer à un nom singulier. C'est une anacoluthe. Rappelons ici aux professionnels de la langue que les substantifs singuliers exigent en français un pronom singulier, même s'ils évoquent un ensemble d'éléme

concours d'architecture

La Mission linguistique francophone note une tendance persistante de la presse française à évoquer malencontreusement des " concours d'architectes " voire des "concours d'architecte", au singulier (concours dont l'issue serait donc sans surprise, puisque comprenant un seul concurrent !). La presse reprend ainsi une erreur souvent commise dans les services administratifs des collectivités qui lancent pourtant des concours d'architecture - et non d'architectes. Car en français, les concours et les compétitions sont qualifiés par la nature de la discipline ou de l'enjeu, et non par le type de participants. On parle d'une compétition d'athlétisme et non d'une compétition d'athlètes, d'un championnat de rugby et non d'un championnat de rugbymen, d'une partie de poker et non d'une partie de joueurs de poker. Des jeunes femmes légères et court vêtues participent à un concours de beauté et non à un concours de b

travaux publics et enseignement laïque

Le gouvernement français est-il laïc ? Non. En effet, il a choisi d'être un gouvernement laïque qui communique actuellement par voie d'affiches sur l'enseignement laïque (sic) de la morale. Quitte à promouvoir ainsi la désuétude de la distinction entre le masculin laïc et le féminin laïque , il va falloir s'attaquer maintenant à la forme masculine de l'adjectif public pour la faire disparaître à son tour. Et harmoniser l'orthographe officielle des travaux publiques , des établissements publiques , des amoureux qui se bécotent sur les bancs publiques , du secteur publique et des pouvoirs publiques avec celle de l' enseignement laïque . Sans cette précaution, le français médiatique et politique poursuivrait toujours plus avant son cheminement dans l'incohérence : pourquoi neutraliser laïc et pas public ? Si l'on en juge par l'irréprochable prospérité des adjectifs à désinence unique en -ique à tous les genres, renoncer totalement à l

crimes et délits

Une ineptie comme " les crimes de tapage nocturne ont augmenté de 75% à New York " [journal télévisé de TF1] confirme que les journalistes francophones ont besoin d'un dictionnaire des faux amis , et de le potasser d'arrache-pied. Il en existe d'excellents qui ne devraient pas rester sur les étagères, mais équiper la table de travail, voire la table de chevet, de ces professionnels de l'approximation linguistique. L'anglais a crime désigne indistinctement un crime ou un délit - notions juridiques que le français ne confond pas. À propos d'une affaire politique concernant un ministre contraint d'avouer avoir menti, la presse française n'a pas cessé de nous expliquer ceci : " en France, contrairement aux USA, le crime de parjure n'existe pas ". Assertion rendue fausse par le même faux ami. Car aux USA non plus, " le crime de parjure " n'existe pas. Ce qui existe aux USA, c'est le délit de parjure !

l'avenir futuriste

La chaîne de télévision Arte est franco-allemande. Pour ce qui est d'être exemplairement francophone, c'est une autre histoire, et c'est sans doute dommage. Dans le cadre d'une soirée consacrée à la science, Arte a diffusé un documentaire initialement anglophone adapté en français. Ce film de vulgarisation scientifique traitait du temps et de son cours inexorable : le passé, le présent, l'avenir. Or, la prouesse navrante accomplie par la traductrice de ce film fut de n'employer absolument jamais le mot avenir pour parler de lui. Dans 100% des occurrences de la notion de passé, le commentaire francophone nous a parlé du passé - bonne traduction de l'anglais the past . Dans 100% des occurrences de la notion de présent, il nous a parlé du présent - bonne traduction de l'anglais the present . Mais dans 100% des occurrences de la notion d'avenir, le narrateur nous a infligé le futur - mauvaise traduction hâtive de l'anglais the future , qui sign

ça marche !

Une nette dévalorisation du mot OUI , voilà la note singulière sur laquelle l'année 2009 s'était achevée en Europe francophone. La Mission linguistique francophone avait constaté le succès fulgurant d'une nouvelle manière d'acquiescer : il s'agissait de répondre que " ça marche ". Dans des contextes où notre langue emploie d'ordinaire les multiséculaires " oui ", "entendu " ou " d'accord ", la tendance était désormais à répondre " ça marche ". Cet usage semble issu des métiers de la restauration. "- Une choucroute et deux truites aux amandes !" lançait le serveur ; "- Ça marche !" lui répondait-on en cuisine. Cette vogue n'éclipsait pas encore le très international " OK ", mais s'y joignait plutôt. Le couple " OK, ça marche " était même particulièrement prisé, fin 2009. Près d'une décennie plus tard, " ça march e" a fini par supplanter ne

CAPTCHA du CSA in English

En France, l'une des missions premières du  Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) est de garantir la vitalité du français dans l'air ambiant.   Par esprit de contradiction, sans doute, les auteurs du propre site internet du Conseil supérieur de l'audiovisuel français l'ont équipé d'un captcha * sonore... qui vous dicte un code en anglais ! Franchement, dear CSA, en découvrant que vous exigez d'eux qu'ils dactylographient, en guise de sésame, votre petite dictée anglophone, même les plus anglophiles des Francophones peinent à garder leur calme. Est-ce ainsi que l'autorité de régulation de l'audiovisuel public français veille à l'accessibilité d'internet aux "personnes en situation de handicap" ? Y compris les personnes dont la "situation de handicap" consiste à n'entendre que le français ? * le terme captcha (mot masculin créé par lexicalisation du sigle CAPTCHA, marque déposée ) désigne divers p

bien achalandé

Une correspondante de BMFTV au Canada, Marie-Laure J. ( ci-contre ), nous rapporte une déclaration du maire anglophone de Toronto et lui prête ce propos : " il y a eu un incident sérieux ". Non, chère professionnelle du bilinguisme anglo-français, c'est un incident grave (en anglais : serious ) qu'annonçait le maire. Et pour cause : avec neuf morts, "incident" est même un euphémisme. La journaliste se rachète aussitôt en employant dans son sens correct une expression souvent mal comprise : "l'incident s'est produit dans une artère très achalandée de Toronto". Ce qui signifie avec beaucoup de justesse qu'il y avait de nombreux passants en train de faire leurs courses dans les magasins de détail de ce quartier : beaucoup de chalands ; et non beaucoup de marchandises, comme le croient celles et ceux qui parlent à tort d'un magasin "bien achalandé" pour le décrire en réalité comme bien approvisionné . Un magasin bien ach