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Articles

Affichage des articles du janvier, 2015

viser l'avenir ou cibler le futur ?

Sous les coups redoublés de la mode, qui entraîne volontiers les esprits vers le bas, et de la négligence, qui parachève ce nivellement, la langue française voit disparaître actuellement des mots que l'on croyait impérissables. Et qui méritaient de ne pas périr. Ces mots-là ne sont ni tarabiscotés ni désuets. On peine à croire qu'ils meurent sous nos yeux. Cette extinction touche toutes les catégories de mots : verbes, substantifs, prépositions, adverbes, conjonctions... La Mission linguistique francophone s'alarme en premier lieu de la disparition presque entièrement consommée de l'avenir , à la place duquel les professionnels francophones de la parole et de l'écrit optent désormais plus de neuf fois sur dix pour l'anglicisme " le futur " (en anglais, l'avenir se dit " the future "). Ainsi, l' avenir qui régnait sur les projets des peuples de langue française est-il destitué. Le futur s'est emparé des discours a

les serious games des jeunes francophones

Il faut le voir pour le croire. Voyez-le ci-contre. Le groupe public de télévision France Télévisions a créé une chaîne éducative , où l'on n'enseigne ni explicitement le français ni ouvertement l'anglais, mais où l'on patauge dans le marais intermédiaire du franglais : serious games (sic) et replay (sic) sont au programme. Et en gras, dans le résumé des contenus de la chaîne. Les expressions jeux éducatifs (alias serious games ) et rediffusion (alias replay ) existent bien depuis des décennies. Mais justement, tel est leur tort selon les fonctionnaires de l'éducation télévisuelle de France : les termes exacts sont éculés, il faut du sang neuf. Donc du sang franglais, bien sûr. Que fait le CSA ? Et que fera la nouvelle présidente de France Télévision ? Sachant que cette estimable personne se targue de promouvoir des concepts comme " le voir ensemble " (sic), au mépris du sens commun et des récentes mises en garde de l'Académie française co

exit le Brexit

Forgée outre-Manche, la contraction expéditive des deux mots anglais British (britannique) + exit (sortie) a donné le néologisme Brexit . Dans le jargon du commentaire politique anglais, ce mot-valise désigne le renoncement du Royaume-Uni à faire partie de l'Union européenne ; sa sortie de l'Europe. Bien qu'un infime minorité de Français connaisse le sens du mot exit , les journalistes de France ont soudain affecté de croire que le mot exit était connu de tous. Avec la précaution des guillemets autour de Grexit (Greece exit) puis de Brexit , les premiers jours seulement. L'argot de métier - ici l'argot journalistique - est depuis trente ans le jargon qui façonne le français courant. Rarement en le tirant vers la lumière. L'obscur et vilain petit Brexit a ainsi envahi tout le français médiatique quelques jours à peine après sa divulgation dans les commentaires de la presse anglophone. Pendant une semaine, la presse écrite française nous l'a imposé entre

certificat de niais sens

La mode des éco -ceci, éco -cela rend les communicants un peu fous... Ou au moins, un peu niais à leurs heures. Pas davantage que les moutons de Panurge, mais juste autant. Ainsi dans la description d'un grand hôtel parisien sur son site internet lit-on qu'il est en Europe " le premier hôtel Eco-certifié " (sic). Bravo. Mais pourquoi affubler semblable jargon de trois fautes d'orthographe d'un seul coup ? Quitte à se flatter d'employer ce néologisme, et quel qu'en soit le sens creux, autant ne pas y ajouter les trois bévues que voici : 1/ pas de majuscule en français aux adjectifs (pas même dans Directeur général ni dans Académie française ) ; 2/ pas de trait d'union entre un tel préfixe et son radical (on écrit écologie et non éco-logie ; idem pour écocertifié ) ; 3/ contrairement à ce qu'on croit souvent, les majuscules ne sont pas dispensées d'accent [" les accents on pleine valeur orthographique en français, y compris sur les