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écoquartier ou éco-quartier ?


"Écoquartier est un terme abominable. C'est un slogan politique approximatif adossé (...) à beaucoup de cynisme." 


Ce jugement sans appel est celui de l'architecte Rudy Ricciotti**. C'est aussi le nôtre. Rien ne justifie le culte idolâtre organisé dans les métiers du bâtiment et les conseils municipaux autour de ce néologisme de politique locale, si ce n'est le suivisme le moins réfléchi ou l'opportunisme affairiste le plus courtisan.

Hélas, les pouvoirs publics voient autrement les choses puisqu'ils distribuent à tours de bras au nom du peuple français le vain "label ÉcoQuartier", censé attester d'une vertu environnementale ineffable selon les uns, mesurable selon les autres, favorisant pêle-mêle les économies de gazole et "le vivre ensemble" (sic).

ÉcoQuartier. Terme mal bâti censé encenser les bâtisseurs. Tout un programme... Ce jargon est suffisamment affligeant en lui-même, suffisamment contraire à l'esprit de notre langue qui n'agglutine pas les syllabes comme le malgache ou le hongrois mais juxtapose les mots (quartier écologique), à quoi bon y ajouter une boursouflure orthographique sans précédent dans notre langue : la majuscule en milieu de mot ? Pourquoi le faire officiellement, dans les textes réglementaires du gouvernement français et dans les satisfecits qu'il décerne de quartier en quartier, de "ville durable" (sic) en "commune écocitoyenne" (...sic) ?

Nous aimerions beaucoup que la ministre française de la Culture - à la fois ministre de la langue, ministre de la communication et ministre de l'architecture - sorte de son silence pour exprimer sa réprobation quand ses collègues de l'Écologie, des Territoires, de la Ruralité et du Grand charabia accouchent béatement de ce genre d'inventions communicationnelles abracadabrantes qui empiètent à triple titre sur ses attributions ministérielles : architecture, culture et communication.

PHOTO : Rudy Riciotti (D.R.). Sa déclaration est extraite d'un entretien avec Luc Le Chatelier pour Télérama.

**Rudy Ricciotti est lauréat du Grand prix national de l'architecture, décerné par un jury réuni par le ministre de la Culture.


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Commentaires

Anonyme a dit…
L'écologie militante est en train de se rendre tellement insupportable, avec des figures de proue haineuses comme Alice Coffin, ou avec sa passion pour cette connerie noire d'écriture inclusive, qu'on se demande pendant combien de jours encore le préfixe politique "éco-" va aider à faire avaler quoi que ce soit. Bravo à M. Ricciotti, visionnaire à la langue bien pendue.

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