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attention : hotte tonsion

Pendant que des êtres humains décident de se montrer aptes à concevoir et bâtir un édifice de mille mètres de haut, à la fois sûr et élégant (illustration ci-contre : le pied de ce futur immeuble à Jeddah, par Adrian Smith et Gordon Gill architectes à Chicago), d'autres humains cultivés décident qu'il est au-dessus de leurs forces et de leurs compétences de prononcer proprement la langue qu'ils font profession de prononcer.

C'est cette disparité de hauteur de vues qui ne cesse de nous intriguer. Tout comme nous intrigue le maintien à leur poste de ces innombrables journalistes de la presse parlée francophone qui ne parviennent rigoureusement pas à se montrer rigoureux dans leur parler.

Que la grammaire soit retorse ? Admettons. Que le vocabulaire soit foisonnant et donc propice aux fourvoiements ? Admettons encore. Mais que la confusion entre les phonèmes (les sons) de la langue française soit une fatalité professionnelle, non.

Un journaliste de radio - à l'instar de cent autres - veut nous annoncer "un procès sous haute tension". Mais le pauvre homme n'y parvient pas et nous annonce un "prôcé sous hotte tonsion" (sic).

Bilan:
• deux fois le son Ô (comme dans beau) et le son Ö (comme dans botte) sont intervertis
• le son É (comme dans fée) est substitué au son Ê (comme dans aigle)
• le son EN (comme dans lisant) est transforme en son ON (comme dans lisons)

En quatre mots, le pro de la parole se trompe quatre fois de prononciation. Sur un total de sept syllabes, c'est statistiquement élevé - à défaut d'élévation constructive ou créative...


NB 1 : On notera que le locuteur précité, qui transforme "haute" en "hotte", n'est affecté d'aucun accent régional l'empêchant de prononcer les Ô (comme l'accent provençal conduit à prononcer "Rhone" au lieu de "Rhône") puisqu'il nous parle par ailleurs d'un "prôcé". À l'appui de cette surdité à l'équilibre sonore des syllabes, il semble que le seul repère soit l'idée fausse selon laquelle il n'existerait pas de corrélation impérative entre l'orthographe des mots et leur juste prononciation. Et selon laquelle la façon de prononcer les voyelles serait dès lors une affaire de liberté individuelle et d'esthétique personnelle. Or, c'est faux dans le cas général. Et plus faux encore dans le cas particulier de professionnels de la prononciation.

NB 2 : La transformation du son EN en son ON est une tendance nette de l'élocution médiatique. Cela s'explique par le fait que l'articulation du son ON demande un travail musculaire légèrement inférieur à ce qu'exige le son EN. La paresse professionnelle peut se loger même dans ces infimes efforts-là.


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