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halte à la confusion entre "vous" et "je"


Combien d'années d'études brillantes et d'examens difficiles, combien de prodiges d'arrivisme il faut avoir réussis pour se retrouver président ou directeur général d'institution du service public ! On s'étonne d'autant plus des égarements grammaticaux et sémantiques les plus ineptes qui sont avalisés par ces gens admirables, dans les messages émis par les organismes dont ils ont obtenu la responsabilité.

L'un de ces égarements connaît une vogue sournoise dont attestent, par exemple, les messages émis par d'innombrables sociétés de service public de premier plan comme la RATP ou les offices de gestion des logements à loyers modérés des villes de Caen, de Paris ou des départements du Rhône ou du Tarn.

Les unes comme les autres se sont dotées de dirigeants et de communicants affectant de croire que le pronom personnel convenable pour s'adresser à quelqu'un n'est ni tu (singulier de proximité) ni vous (pluriel de nombre ou de politesse). Faisant fi de ce seul choix possible dans notre conjugaison - deuxième personne du singulier ou deuxième personne du pluriel - ces organismes s'adressent désormais à leurs usagers en les interpellant à la première personne du singulier - je - même quand les destinataires du message se comptent par millions. Exactement comme on le fait avec les très jeunes enfants ou ceux que l'on appelait jadis des arriérés mentaux. "Je vais mettre mes jolies bottes ?" dit l'adulte attendri par l'incapacité du petit à s'exprimer de façon plus élaborée, tout en l'aidant à enfiler ses jolie bottes.

Rien d'attendri ni d'attendrissant dans le fait que PARIS HABITAT, la RATP, L'ASSISTANCE PUBLIQUE-HÔPITAUX DE PARIS [qui vous remettra noir sur blanc "Ma pochette de sortie" au lieu de votre pochette de sortie ou une pochette de sortie] et une foule d'autres institutions du service public nous croient pareillement immatures et s'adressent désormais à nous dans le même registre infantilisant et en recourant aux même substitutions grammaticales : je, mon, ma, mes étant désormais de règle dans leurs messages à la place de tu, ton, ta, tes, vous, vos.

Le commerçant s'adressant jadis à son client à la troisième personne à la manière italienne ("il veut quoi, le monsieur ?") faisait aimablement sourire. Mais l'office d'HLM du Rhône avec son fléchage institutionnel "Je suis locataire" ou Paris Habitat proposant à ses locataires de consulter "mon compte (de) locataire"* ou la RATP affichant au fronton de ses bus "Je monte, je valide", nous parlent comme à des demeurés ou des bambins et se comportent eux-mêmes en psychotiques incapables de distinguer soi d'autrui.

Le pire, c'est que tout cela est mûrement réfléchi : infantilisons-les tous, ils ne méritent que ça. Vraiment?

* Non contents de confondre "mon" et "votre", les rédacteurs de cet intitulé [ci-contre] sabotent la syntaxe. Puisque "locataire" qualifie manifestement "mon compte", et sachant que "locataire" n'est pas un adjectif, la simple juxtaposition "compte locataire" n'est pas admise en français, contrairement à l'anglais. Ce charabia "mon compte locataire" vise à décrire soit votre compte locatif (adjectif correct) soit votre compte de locataire (complément de nom correct). Nous sommes bombardés par ces approximations, et la structure de notre langue s'en ressent.

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Commentaires

Anonyme a dit…
Excellent ! Vous devriez l'envoyer à la RATP. C'est irrespectueux et gonflant leur "je monte, je valide" !!!!

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