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Affichage des articles du mars, 2017

éco-lettre éco-ouverte à des éco-responsables fiers de leurs éco-hameaux

Les observateurs et commentateurs de la Mission linguistique francophone vous prient de pardonner leur coup de gueule unanime ci-après, mais trop c'est trop, comme dit la tautologie populaire. Le vent, non pas de folie, mais de profonde imbécilité sémantique qui souffle à nos oreilles des éco-naiseries et des éco-lapalissades ininterrompues souffle maintenant jusque dans les hameaux de nos campagnes, que voici rebaptisés, sans rire et par des esprits malades de suivisme technocratique, des " éco-hameaux ". Il semble que la traduction de "éco-hameau" en vrai français encore sain d'esprit, soit hameau écologique . Inventer le "hameau écologique", c'est-à-dire le hameau en prise avec la nature environnante et féru de voisinage de proximité, c'est se qui s'appelle inventer l'eau froide, non  ? En Auvergne, par exemple, " l'éco-hameau " (sic) de Bertignat [Puy-de-Dôme] se caractériserait, selon le Palmarès des jeun

l'avenir est passé (de mode)

Le contraire du passé, en français, c'est l'avenir . Mais une langue vivante est vulnérable par nature. Et certains de ses mots les plus nécessaires peuvent mourir sous les coups de l'ignorance. Dès le début des années 1990, la Mission linguistique francophone constatait qu'une forte majorité de professionnels de la langue française (journalistes, publicitaires, dialoguistes) ignorait l'existence de l' avenir , et notamment du proche avenir , obstinément appelé " le futur proche ", sous l'influence de mauvaises traductions de l'anglais [en anglais, l'avenir se dit " the future " ; et " dans un proche avenir " se dit " in the near future "]. Rien n'ayant été fait pour remédier à la diffusion omnidirectionnelle de cette bévue, les moins de 25 ans ont été soumis toute leur vie à l'idée que le contraire du passé était le futur. Ils s'étonnent qu'on s'étonne de cette méprise anglomane. Car p

cheffe ou chef de service ?

" Un véritable barbarisme ", voilà l'arrêt de mort qu'a signé l' Académie française [dès 2002 , avec confirmation en 2014 ] contre la féminisation inepte de chef en cheffe . La respectable assemblée rappelle qu'il importe peu que telle ou tel ministre ponde une circulaire prônant l'adoption d'un barbarisme comme " cheffe de service "ou " proviseure ", car nul gouvernement n'est habilité à décider de ce qui constitue le bon usage de la langue française. La Mission linguistique francophone ajoute à cette mise au point sa propre démonstration : la féminisation de chef par cheffe n'a, en tout état de cause (reconnaissance de l'autorité des académiciens ou non), ni légitimité ni pertinence, puisque la désinence -effe n'est aucunement le propre du féminin comme en atteste le greffe du tribunal. Réciproquement, la désinence -ef n'est nullement d'une insupportable masculinité , comme en atteste l'existen

initier, générer, impacter

Le verbe initier n'a qu'un seul sens correct en français : procéder à une initiation, à un rite initiatique ; tous les autres sens qu'on lui donne depuis vingt ans sont faux, tels ceux dont la formulation correcte est en réalité : prendre une initiative , être l'initiateur de , être à l'origine de ou lancer une action. Le verbe générer n'a qu'un seul sens correct en français, dans diverses acceptions essentiellement scientifiques : une fonction génère une courbe . Tous les autres sens sont faux ou approximatifs, sous l'influence envahissante de mauvaises traductions de l'anglais to generate , verbe signifiant : engendrer , causer, créer, susciter, produire ; et très rarement générer . Ainsi, en français, une mauvaise nouvelle suscite ou cause de l'inquiétude, elle n'en "génère" pas. Le verbe " impacter " est un anglicisme et un barbarisme. Il n'a aucun sens correct en français. "À côté des verbes i

prejudice ou préjudice ?

L'un des faux amis les plus trompeurs entre le français et l'anglais est le mot prejudice (anglais, sans accent aigu) ou préjudice (français). En anglais, your prejudice , ce sont vos préjugés . Ce sont souvent eux qui porteront préjudice et non l'inverse ! On notera que l'anglais prejudice est invariable : prejudice, ce sont les préjugés. De même, le verbe to prejudice ne signifie pas porter préjudice . Le 16 mars 2017, l' AFP s'est engouffrée dans ce piège et a entraîné tous les médias francophones d'Europe à sa suite. Au sujet d'un décret présidentiel repoussé, la veille aux USA par un magistrat hawaïen, on nous a répété que ce décret avait été reconnu susceptible de causer " un préjudice irréparable ", alors qu'il a été déclaré de nature à inscrire des préjugés (religieux, en la circonstance) de façon irrémédiable dans la législation américaine.